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Impact investing, philanthropie, ISR : quelle différence ?

Catherine Champagne - Group Impact Investing Coordinator
Il existe trois approches d’investissement complémentaires pour tout investisseur souhaitant donner du sens à ses investissements :

A retenir :

Il existe trois approches d’investissement complémentaires pour tout investisseur souhaitant donner du sens à ses investissements :
  • L’impact investing se caractérise par l’intention explicite des investisseurs de générer un impact social ou environnemental positif accompagné d’un rendement financier, de mesurer la réalisation de ce double objectif et d’en rendre compte de manière transparente à l’investisseur.
  • La philanthropie ne recherche pas de rendement financier et se focalise sur l’objectif social et environnemental à atteindre.
  • L’investissement socialement responsable (ISR) est un terme générique qui désigne les différentes approches qui consistent à intégrer de façon structurée et systématique les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) dans les processus d’investissement en plus des critères financiers traditionnels. L’ISR est un moyen de faire pression sur les entreprises pour qu’elles améliorent leurs pratiques en la matière.

Impact : le nouveau mot clé, le nouveau « buzz-word »

Impact investing, l’impact de vos investissements ESG, l’impact philanthropy… Le mot impact est sur toutes les lèvres. Mais que signifie-t-il exactement et pourquoi cet engouement ?
L’impact est défini comme l’effet produit sur quelque chose, l’influence exercée par quelqu’un, par ses idées et ses actions. L’enthousiasme soudain pour le terme « impact » provient essentiellement de la création récente d’un nouveau paradigme financier conjuguant une finalité sociale et environnementale à un modèle économique viable: l’impact investing. Celui-ci a démontré, ces dernières années, qu’il est possible de combiner impact social ou environnemental positif avec un return financier positif.

Les 17 objectifs de développement durable de l’ONU

L’impact investing s’inscrit dans un élan mondial. En effet, les 17 objectifs de développement durable (ODD) adoptés par les 193 membres de l’ONU en septembre 2015 s’imposent comme le nouveau référentiel des entreprises qui souhaitent rendre compte de leurs impacts sociaux et environnementaux. Ces 17 objectifs répondent aux finalités suivantes à atteindre d’ici 2030: éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous. L’effort des gouvernements seuls ne sera pas suffisant pour atteindre ces objectifs puisque le déficit annuel de financement est estimé à 2,5 trillions de dollars. Devant l’urgence des défis à résoudre, le secteur privé et la société civile ont pris conscience qu’ils avaient un rôle à jouer et notamment au moyen de leurs investissements.
Voir aussi : Perspectives 2018 : 17 objectifs de développement durable

Trois approches spécifiques et complémentaires :

  • L’impact investing est né en 2007 à la suite de l’éclatement de la crise financière durant laquelle un groupe d’investisseurs pionniers, réunis par la fondation Rockefeller, a décidé de construire une nouvelle économie visant à générer des impacts sociaux et environnementaux positifs au-delà du return financier pour leurs investissements. Pour ce faire, l’impact investing cible les entreprises, les organisations ou les fonds qui apportent des solutions durables aux défis environnementaux et sociaux tout en étant pérennes du fait de leur rentabilité dans des domaines comme la transition énergétique, la santé, l’agriculture, l’éducation et l’organisation du travail. Parmi les caractéristiques principales de l’impact investing figurent l’intention explicite des investisseurs de générer un impact social et environnemental positif accompagné d’un rendement financier, de mesurer cet impact et d’en rendre compte de manière transparente à l’investisseur. Applicable en théorie à toutes les classes d’actifs, l’impact investing privilégie dans les faits les marchés non-cotés comme le private equity, la dette privée et les actifs réels, certains parlent de « capital-patient » exprimant ainsi la notion du temps nécessaire pour pouvoir mettre en œuvre ce type de solutions. La taille de ce marché est estimée à 114 milliards de dollars par le GIIN (Global Impact Investing Network) et représente 0.15% des investissements mondiaux. La croissance de l’impact investing est très rapide et a cru de 17% par an ces 3 dernières années.
  • La philanthropie, doctrine de vie qui met l’humanité au premier plan de ses préoccupations, se distingue de l’impact investing par le fait qu’elle ne recherche pas de rendement financier et se focalise uniquement sur l’objectif social et environnemental à atteindre. Le philanthrope agit de façon désintéressée et cherche à améliorer le sort de ses semblables par de multiples moyens (dons financiers, mécénat de compétence ou bénévolat).
  • L’investissement socialement responsable (ISR) consiste à intégrer les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance), qui constitue les trois piliers de l’analyse extra-financière, dans les processus d’investissement.

ISR : méthodologies :

Différentes méthodologies existent au sein de l’ISR qui peuvent être combinées ou non et entre autres l’exclusion, le best in class et l’approche thématique.
  • L’exclusion est de loin la méthodologie la plus populaire en Europe en termes d’actifs sous gestion. L’objectif de cette méthode est d'éviter d'investir dans des entreprises qui ont des impacts négatifs sur l'environnement et/ou la société en excluant certains secteurs qui vont à l'encontre des valeurs non financières de l'investisseur comme le tabac ou la pornographie par exemple. Il existe d’autres formes d’exclusions comme celle des émetteurs qui violent des normes et des conventions internationalement reconnues telles que les dix principes du pacte mondial des Nations Unies s’appuyant sur les principes des droits de l’homme, le droit international du travail, le respect de l’environnement et la lutte contre la corruption.
  • Le « best in class » a pour objectif de se concentrer sur les sociétés ayant historiquement mieux performé que leurs pairs dans un secteur ou dans une industrie sur des mesures de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance d’entreprise. Il est à noter que certains combinent « best in class et best effort » pour stimuler les entreprises à toujours aller de l’avant en récompensant le progrès et pas uniquement les premiers de classe.
  • L’approche thématique quant à elle est la plus faiblement répandue en Europe mais est en forte croissance. Elle vise à sélectionner des émetteurs actifs sur des thématiques ou des secteurs liés au développement durable tels que les énergies renouvelables, l’efficience énergétique ou l’eau.

Quelle différence entre l’impact investing et l’investissement socialement responsable ?

La raison d’être d’un investissement en impact investing est de générer un impact social ou environnemental positif (intentionnalité) qui sera mesuré et transparent pour l’investisseur. L’ISR quant à lui vise à ne pas avoir d’impact négatif sur l’environnement en excluant les entreprises ou les secteurs qui ont des impacts négatifs sur l'environnement et/ou en favorisant celles qui agissent le mieux en termes de critères ESG.
L’ISR concerne principalement des entreprises cotées qui certes, limitent leur externalités négatives en prenant compte des critères ESG, mais développent néanmoins des activités commerciales classiques. L'ISR n'inclut donc pas nécessairement de critères pour rechercher les entreprises qui s'engagent dans des pratiques durables, ou celles qui produisent des produits ou des services spécifiques, comme les technologies propres par exemple.

En conclusion :

Ces 3 approches d’investissement sont complémentaires pour tout investisseur souhaitant donner du sens à ses investissements :
  • L’ISR offre un investissement liquide visant un return de marché permettant d’éviter d’avoir des impacts négatifs et de favoriser les meilleures pratiques en termes de respect de l’environnement, de la société et de la gouvernance (Unilever, Total, SAP sont 3 exemples de sociétés avec un bon score ESG dans leur secteur respectif).
  • L’impact investing, stratégie d’investissement généralement non-liquide, vise à engendrer des impacts positifs sur l’environnement et sur la société et un return positif (allant au minimum de la conservation du capital au return de marché). Inclusio, société d’investissement immobilier à vocation sociale visant à offrir sur le long terme, à des populations fragilisées, des logements de qualité à un prix abordable est un exemple d’impact investing.
  • La philanthropie, quant à elle, permet de soutenir des projets innovants ou nécessaires qui n’offrent pas de rentabilité immédiate comme l’aide aux sans-abris et d’autres multiples exemples que vous pouvez retrouver sur Gingo, la plateforme de philanthropie collaborative de Degroof Petercam. L’impact investing prend régulièrement le relais de financements obtenus au départ de la philanthropie lorsque le business modèle est devenu viable.
Si vous souhaitez faire partie de la communauté des investisseurs en impact investing, inscrivez-vous sur impactinvesting@degroofpetercam.com (en mentionnant vos nom et prénom), vous serez alors invités à nos conférences-débats durant lesquelles nous construirons ensemble un monde plus responsable et solidaire.
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