Pourtant, la plupart de nos institutions culturelles vivent des heures difficiles, qui révèle un système à bout de souffle. Celui-ci doit urgemment être repensé pour pouvoir se projeter dans une nouvelle ère, tant au niveau financier qu’au niveau de l’attractivité auprès du public.
Se réinventer
« Nous trouvons une première solution dans les partenariats publics-privés », confie Michel Draguet, directeur des MRBAB. « Le financement muséal ne peut plus survivre sur les subsides seuls et ce partenariat privé permet au Musée de continuer à se réinventer, dans une logique d’intérêt commun doublée d’une vision dynamique portée par le mécénat privé. Le Musée Magritte est le premier exemple de cette efficacité ». Sans l’engagement des mécènes privés, pas d’investissements, pas d’acquisitions et pas de restaurations possibles. Le Musée resterait figé, il manquerait cruellement de stature et n’aurait pas l’envergure internationale qu’on lui reconnait aujourd’hui.
Pour Michel Draguet, l’adaptation d’un cadre législatif fédéral pour encourager davantage le mécénat est le premier défi pour insuffler une nouvelle dynamique en faveur de notre patrimoine culturel, à l’instar d’autres pays européens comme la France. Le second défi concerne le changement de mentalité qui doit s’opérer auprès du public pour pouvoir se réapproprier la culture. Celle-ci doit pouvoir attirer un public plus large et se défaire d’une vision élitiste. Notre patrimoine culturel doit pouvoir être vu par tous comme une richesse commune.
Une première en Belgique
C’est dans cette idée de remettre la culture au centre du public et avec un dossier urgent que l’équipe du MRBAB a rencontré l’équipe de Gingo, la première plateforme de philanthropie collaborative en Belgique initiée par Banque Degroof Petercam.
Christine Ayoub, du service mécénat au MRBAB : « Nous avons un tableau majeur de nos collections qui a un besoin urgent d’être restauré au risque d’être définitivement perdu. Les subsides à disposition rendent l’opération impossible. Il nous paraissait inconcevable de laisser cette œuvre se perdre, il fallait nous tourner vers le public pour la sauver. Intitulé « Le portrait de Mrs Bambridge », ce tableau a une valeur inestimable, puisque c’est le premier portrait frontal peint à Tahiti par Gauguin ».
Ce projet de restauration de l’œuvre sera entièrement financé par le biais du crowdfunding. Ce système est une première en Belgique, même s'il a déjà fait ses preuves dans d’autres pays comme le Royaume-Uni et en France à Versailles ou au Louvre.
Une nouvelle approche
Cette approche innovante fait entrer une nouvelle dynamique au sein du Musée : elle donne à chacun, pour tout montant, la possibilité de contribuer à restaurer cette œuvre et de participer à la vie du Musée, partager son histoire, dans une logique collaborative qui trouve toute sa place au sein des MRBAB.