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Le coronavirus et la bourse : un remake du SRAS de 2003 ?

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
La croissance mondiale n’avait pas besoin de ce nuage noir supplémentaire. L’épidémie du Coronavirus génère de fortes inquiétudes en Bourse et a déjà provoqué des prises de bénéfices. Mais au-delà des secteurs traditionnellement impactés (luxe, transport aérien) par ce genre d’épidémie, les analystes essaient aussi de décortiquer l’impact sur le modèle économique chinois.
Bourses nerveuses et à la recherche d’une boussole
La croissance mondiale n’avait pas besoin de ce nuage noir supplémentaire. L’épidémie du Coronavirus génère de fortes inquiétudes en Bourse et a déjà provoqué des prises de bénéfices. Mais au-delà des secteurs traditionnellement impactés (luxe, transport aérien) par ce genre d’épidémie, les analystes essaient aussi de décortiquer l’impact sur le modèle économique chinois.

Q : L’épidémie actuelle de Coronavirus plonge dans l’incertitude les économistes et les investisseurs. Pourtant, il y a le précédent du SRAS en 2003 qui pourrait éventuellement leur servir de base pour tenter de calculer l’impact du Coronavirus sur nos économies ?

Jérôme van der Bruggen : vous avez raison, l’épidémie du SRAS est actuellement la principale boussole pour les marchés financiers. Les similitudes sont nombreuses : le foyer du virus est à nouveau la Chine et les secteurs les plus impactés sont les secteurs du luxe, de l’aérien, du transport en général, mais aussi le pétrole ou les pays émergents. Bref, tous les secteurs ou pays interdépendants de la Chine ont bu la tasse en Bourse ces derniers jours. Mais attention : s’il y a des similitudes, il y aussi et surtout des différences. Entre 2003 et 2020, il y a 17 ans de différence, et la Chine est aujourd’hui la 2ème puissance économique mondiale. En d’autres mots, l’impact de la Chine sur nos économies, notamment via la chaine de logistique des grandes entreprises est plus important qu’en 2003.

Q : Que pensez-vous de la réaction des autorités chinoises ? Leur réaction a été plutôt rapide, non ?

JVDB : Là aussi, il y a une grande différence par rapport au passé. Le gouvernement chinois a davantage joué la carte de la transparence. J’aurai même tendance à dire qu’il en a « profité » pour renforcer le « roman » national. Lorsqu’un hôpital sort de terre en moins de 10 jours, c’est non seulement un exploit sanitaire salutaire, mais c’est aussi un message en interne et en externe : la Chine démontre une rapidité d’action inédite en Occident.

Q : Revenons aux différences par rapport à l’année 2003…

JVDB : Effectivement, en 2003, l’année du SRAS, l’économie de la Chine était encore basée fortement sur les exportations. Depuis lors, la volonté du gouvernement chinois est de développer la consommation interne. En clair, de faire en sorte que le PIB de la Chine dépende moins de ses exportations et plus du consommateur local. Le souci, c’est que cette épidémie du Coronavirus tombe mal. Alors que la croissance chinoise est au ralenti (6% à peine), elle vient plomber des secteurs aussi importants que le tourisme, l’hôtellerie ou les transports. Bref, le souhait du gouvernement d’être moins dépendant de l’extérieur a du plomb dans l’aile.

Q : Au point de mettre en péril l’avenir de la Chine ?

JVDB : Personne n’est devin, mais a priori, pas à ce point. Le développement du marché intérieur chinois restera le grand enjeu des 10 à 15 prochaines années. A titre de comparaison, la consommation représente deux tiers du PIB américain contre seulement un tiers pour la Chine. Il y a donc de la marge pour que le consommateur chinois devienne à l’instar de son homologue américain le « moteur » de la future croissance chinoise. L’épidémie du Coronavirus va sans doute ralentir ce scénario mais ne devrait pas – sauf dérapage inattendu – remettre en question ce nouveau modèle de développement économique. La Chine reste donc un pays, pour ne pas dire un continent, attrayant sur le plan des investissements. D’autant que la Chine ouvre son marché boursier local. Mais comme toujours, face aux incertitudes, l’investisseur doit rester prudent, diversifié et garder le cap du long terme.
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