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Bourse et Covid-19: faut-il craindre une seconde vague ?

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
La Bourse est passée en mode pause et les gouvernements se préparent à des confinements partiels et ciblés après la résurgence du virus dans plusieurs parties de la planète. Jérôme van der Bruggen nous aide à y voir plus clair.

Résurgence de la pandémie

Depuis quelques semaines, nous assistons à une résurgence de la pandémie de Coronavirus à Pékin, aux Etats-Unis, en Europe, et dans l’hémisphère Sud (Australie, Afrique du Sud). D’où la question : Faut-il vraiment craindre une résurgence de l’épidémie et avec quelles conséquences sur nos économies ? A priori, personne ne peut être certain de l’évolution sanitaire au cours des prochains mois, mais ce qui est très probable en revanche, c’est que nous n’aurons plus de confinement global d’un pays. Ne serait-ce que parce que nous manquons désormais de marge de manœuvre budgétaire. Par contre, des confinements régionaux et ciblés pourront être mis en œuvre, comme c’est d’ailleurs déjà le cas dans certains pays comme la Chine.

Et en Belgique ?

De plus, même si nos marges de manœuvre ont été mises à rude épreuve par l’endettement lié au COVID-19, nos gouvernements restent en soutien de nos économies. En Belgique, par exemple, la Région bruxelloise a débloqué un montant de 120 millions d’euros pour soutenir les commerces locaux. L’Etat fédéral met la main aussi à la poche via un plan d’un milliard d’euros pour l’été, au cas où…

Un vaccin à tout prix

Autre élément à garder à l’esprit : nous nous installons dans une « économie à 90% », pour reprendre une expression utilisée par le magazine « The Economist ». L’économie à 90% signifie qu’on n’atteindra pas le niveau d’activité pré-crise Covid tant que nous n’aurons pas trouvé un vaccin. Donc, clairement, pendant cette phase, nous allons devoir apprendre à vivre au rythme de la résurgence des foyers ci et là.

L’impact boursier

Depuis quelques jours, la tendance boursière est plutôt hésitante, voire même en mode pause en raison des incertitudes liées à la résurgence de la pandémie un peu partout autour de la planète. Mais comme souvent en Bourse, le raisonnement ne peut pas être univoque et il faut nuancer.
D’abord, il y a des secteurs pour lesquels l’impact a vraiment été temporaire et ou la croissance bénéficiaire a à peine été interrompue (les prévisions bénéficiaires pour 2021 sont supérieures à 2019) comme la technologie et les soins de santé.
Ensuite, d’autres secteurs devraient connaître une reprise plus progressive des bénéfices (prévision 2021 légèrement inférieure à 2019) comme l’industrie, la chimie, la construction.
Et enfin, il y a des secteurs pour lesquels une reprise très lente des bénéfices est attendue (prévision 2021 largement inférieure à 2019) comme les hôtels, l’aéronautique, peut-être le pétrole.

La Chine, modèle d’inspiration ?

Bien entendu, toutes ces nuances n’empêchent pas les experts de se projeter dans l’avenir et de s’interroger s’il ne faudrait pas s’inspirer de la Chine en cas de confirmation d’une deuxième vague d’épidémie. Pourquoi jeter son regard vers la Chine ? Essentiellement, parce que rien n’est voué au hasard en Chine et la gestion de la crise sanitaire est l’occasion pour le gouvernement chinois de promouvoir son « roman national » sur la scène internationale. On a l’impression qu’ils se font le miroir de ce qui se passe chez nous. Par ailleurs, lors de la résurgence des cas en juin dernier à Pékin, les autorités locales ont mis en place une gestion que nous tentons d’appliquer chez nous : Primo, au lieu de confiner toute la ville, ils ont confiné des quartiers ; secundo, ils ont testé tout le monde et tertio, ils ont imposé la quarantaine aux personnes désirant voyager à leur destination (au lieu de les empêcher de voyager) afin d’endiguer la panique. D’ailleurs, depuis trois jours, les nouveaux cas ont totalement disparu (ils ont eu un pic à 36 par jour pour un total de 335).
Le résultat ? La bourse chinoise caracole. N’oublions pas que l’épargne chinoise est abondante et qu’elle a besoin d’un canal domestique pour s’investir (la sortie des capitaux est contrôlée). Et comme les produits d’épargne traditionnels bancaires sont interdits, la bourse tire mécaniquement son épingle du jeu.

En conclusion

Au terme de ce rapide tour d’horizon, il nous reste à rappeler que le virus n’a hélas pas disparu mais la bourse peut vivre avec cette « économie à 90% ». Notre message est donc clair : restez très diversifiés aussi bien au niveau sectoriel qu’au niveau des régions.
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