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Zone euro : qui est touché par la crise industrielle ?

Céline Boulenger - Economist
La crise industrielle qui touche l'Allemagne va-t-elle se propager dans les autres pays de la zone euro ? Découvrez notre analyse dans cette vidéo.
Nous avons récemment parlé de la crise qui touche l’industrie allemande. Cette crise est-elle unique à l’Allemagne ou s’est-elle également propagée dans les autres pays de la zone euro ? Répondons à cette question en analysant ensemble la situation économique en Italie et en France. Nous ferons aussi le point sur les prédictions économiques pour la zone euro en 2020.

Italie

Tout d’abord, 2019 n’a pas apporté beaucoup de bonnes nouvelles pour l’Italie, un pays qui est en stagnation depuis un petit moment. C’est-à-dire que la croissance économique est proche de zéro et il y a peu de chance que cela change en 2020. De plus, la situation politique en Italie reste inquiétante, la coalition qui existe aujourd’hui pourrait s’effondrer à tout moment, ce qui aurait des répercussions sur l’économie.
A ces risques politiques s’ajoutent des dettes publiques faramineuses qui vont sûrement obliger l’Italie à restructurer une partie de leur dette ou pourraient même amener à des défauts sur leurs dettes.

France

En France en revanche, les nouvelles sont meilleures. En effet, elle a connu une croissance plus élevée et n’a pas été impactée autant que l’Allemagne par le ralentissement global et par les tensions géopolitiques. La France est une économie qui base sa croissance sur la demande domestique plus que sur la demande externe. Ce qui veut dire que les exportations représentent une plus petite partie du PIB en France qu’en Allemagne et que la France est donc beaucoup moins vulnérable face aux crises externes.
De plus, le marché de l’emploi en France a affiché de belles performances en 2019, le chômage a même atteint son taux le plus bas, 8,5%. Le stimulus du gouvernement français a également permis de gonfler le portefeuille des ménages en y ajoutant en moyenne 410 euros par an, ce qui a boosté la consommation.
On s’attend à ce que les bonnes nouvelles venant de la France continuent en 2020 mais à moindre envergure. Pourquoi ? Car même si la France reste moins sensible aux problèmes externes, elle n’en est pas immune, et elle va donc commencer à ressentir le ralentissement global mais aussi le ralentissement allemand.

Zone euro

Même si les statistiques françaises ont été plutôt bonnes en 2019 et continuerons à l’être en 2020, cela ne suffit pas à booster la croissance économique de la zone euro. En effet, celle-ci va malheureusement continuer à décevoir en 2020, tant au niveau de la croissance, mais aussi au niveau de l’inflation, qui, même si elle a faiblement augmenté en novembre et en décembre, ne devrait pas dépasser les 1 %, ce qui est beaucoup plus bas que les « proche des 2 % » visés par la Banque centrale européenne.
A propos de la BCE, il faut mentionner que Mario Draghi, le président de la Banque centrale pendant la majeure partie de 2019, n’a pas manqué de répondre à l’appel et de lancer la machine du stimulus monétaire. En effet, la BCE a continué à baisser ses taux d’intérêt en 2019, alors qu’ils étaient déjà en dessous de zéro ; et elle a relancé le « quantitative easing », son programme controversé de rachat de dettes.
Cependant, la BCE commence à manquer de munitions, et même si elle risque de baisser davantage ses taux en 2020, il est grand temps que les pays européens utilisent la politique budgétaire pour aider à relancer l’économie européenne.
D’ailleurs, Mario Draghi, ainsi que la nouvelle présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde n’ont pas manqué de pointer du doigt des pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas, qui reposent depuis longtemps sur des excédents budgétaires importants et qui donc ont les capacités de stimuler leurs économies.
Cependant, malgré les remarques de la Banque centrale européenne, ainsi que celles de nombreux économistes, les pays européens ont manqué à l’appel et, malheureusement, nous ne verrons pas de changement majeur concernant la politique fiscale en 2020.
Espérons qu’ils finissent par se réveiller car la relance économique sera très compliquée si la zone euro ne peut s’appuyer que sur la politique monétaire.
Espérons aussi que les effets du nouveau coronavirus sur la zone euro soient faibles, que les tensions entre les Etats-Unis et la Chine continuent à s’adoucir, que le chaos créé par le Brexit soit moindre en 2020, que les élections aux Etats-Unis n’apportent pas d’autres risques géopolitiques, et que l’inflation en Europe, tout comme dans le reste du monde, pointe à nouveau le bout de son nez.
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