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Thierry Geerts, CEO de Google Belgique : « Nous sommes tous des Homo digitalis »

Rémy Dercq - Head Private Banking Brussels and Wallonia
Profitant de ce que la digitalisation a pu apporter pendant cette année hors du commun, Thierry Geerts, CEO de Google Belgique, s’est remis à l’écriture. Après son premier livre ‘Digitalis’ qui était un mode d’emploi du digital, il rédige ‘Homo digitalis’ pendant la pandémie, sur base des réactions qu’il a pu observer. Une analyse passionnante sur les risques et les opportunités de la digitalisation. Rencontre avec un homme expert en technologie, mais avant tout profondément humain.

L’homo digitalis, c’est l’homo sapiens en mode digital et surtout collaboratif. Est-ce que la pandémie a accentué ce côté-là chez les humains ?

Nous sommes tous des Homo digitalis. On utilise tous la technologie aujourd’hui et on ne se rend pas compte de l’impact que ça a sur nous. Encore plus depuis la pandémie : imaginez celle-ci sans possibilité digitale ! Elle nous a également permis de gagner énormément de temps. Ces heures gagnées, on les a gagnées à être fondamentalement plus humains. Grâce à la technologie, on a pu continuer à voir nos proches par écran interposé, les enfants ont pu continuer à suivre l’école à distance, l’e-commerce nous a permis de continuer à faire nos achats. Idem pour les entreprises qui ont dû se réinventer et trouver d’autres canaux pour continuer à fonctionner. On s’est rendu compte à quel point la technologie, qu’on pensait être un gadget, était essentielle. Demandons-nous ce qu’on peut en tirer comme apprentissage et évitons de retomber dans les travers du passé.

Cette omniprésence technologique ne risque-t-elle pas de supplanter l’humain ?

La perception, c’est que la technologie nous rend moins humains. Or, elle n’est un moyen, qu’il faut utiliser au mieux. Un vrai bel exemple d’intelligence artificielle, c’est dans le domaine du cancer. Aujourd’hui, quand on fait une mammographie, on se trompe dans 1 cas sur 3 lorsqu’il s’agit de dépister un cancer du sein. Avec l’IA, on est arrivés à un taux de 2% d’erreur. Le radiologue sera toujours là pour poser un diagnostic, mais il sera aidé par l’intelligence artificielle. Cette amélioration peut s’appliquer à d’autres domaines : en mobilité, dans l’enseignement. Mais l’humain ne disparaît pas !

Quelles seront les répercussions sur l’emploi ?

Le monde du travail change, mais n’est pas menacé pour autant. La révolution digitale a 30 ans. Elle a commencé avec le début d’Internet. Avant la pandémie, il n’y avait jamais eu autant de gens qui travaillaient. Aujourd’hui, la digitalisation nous permet d’offrir des solutions pour des emplois. C’est une transition. D’où l’intérêt de s’intéresser à ces technologies, car elle pourrait modifier notre emploi. D’autant plus qu’elle est beaucoup plus facile à apprendre et à utiliser aujourd’hui.

Votre smartphone actuel valait 30 millions d’euros en 1990. En fait, on est tous multimillionnaires aujourd’hui !

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Amid Faljaoui (modérateur), Rémy Dercq (Head Private Banking Bruxelles et Wallonie) et Thierry Geerts (CEO de Google Belgique)

Où se situe la Belgique dans tout ça ?

On est avancés dans l’utilisation des technologies actuelles (93 % des Belges utilisent un smartphone), mais en revanche, les entreprises sont un peu plus frileuses pour passer au digital. C’est un paradoxe, en particulier dans l’e-commerce. Il y a peu d’offres de sociétés belges par exemple. Est-ce que la Belgique peut encore jouer un rôle d’avant-plan à ce niveau-là ? Définitivement : la Belgique a toujours été au centre des révolutions technologiques par le passé. Mais aujourd’hui, elle n’a pas pris le train dès le début. Au niveau des soins de santé par exemple, nous sommes parmi les plus avancés, tant au niveau de notre système médical qu’en biotechnologie. Faisons de nos soins de santé notre fer de lance dans cette ère digitale. Il y aurait beaucoup à gagner en investissant davantage dans ce secteur-là.

Le digital étant devenu la norme avec la pandémie, comment les jeunes générations peuvent-elles envisager leur futur ? Quel rôle les jeunes ont-ils à jouer dans l’évolution digitale de notre monde ?

La digitalisation touche tout le monde, mais pour les jeunes, leur avenir sera définitivement digital. Et c’est une opportunité de créer un monde qui sera meilleur que le monde actuel. Un monde plus humain, plus flexible, plus écologique. On dématérialise, donc on dépollue par définition. Par exemple, avant on achetait des CD, aujourd’hui, on écoute de la musique via Spotify. C’est non seulement plus facile, l’offre est plus large et c’est moins polluant. Et les data centers de Spotify travaillent sur ceux de Google, qui eux-mêmes travaillent avec de l’énergie 100 % verte (solaire et éolienne). Et si on investit dans ces technologies du futur, c’est un investissement à long terme. La preuve, nous fonctionnons avec de l’énergie renouvelable et c’est rentable.

En conclusion, quel est le message que vous voudriez faire passer ?

Avec ce livre ‘Homo digitalis’, je suis parti des angoisses que pouvait créer la digitalisation, cette rapidité de transformation qui peut effrayer. La leçon que j’en ai tiré, c’est qu’il faut arrêter d’avoir peur de la technologie. La seule façon de maîtriser les risques et de saisir les opportunités, c’est de s’informer. S’adapter. Si chacun voit les avantages de la technologie pour lui-même, en fonction de ses besoins et de ses passions, il aura tendance à s’y intéresser et mieux s’informer. C’est une vraie opportunité qu’il faut saisir !
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