Nos experts suivent de près les évolutions macro-économiques et les marchés financiers.
Devises
Monthly Market News

Monthly Market News mai 2020 – tendances des marchés

Alexandre Gauthy - Economist
Les marchés d’actions ont poursuivi leur tendance haussière en mai. Vers la fin du mois, les marchés ont connu un léger regain de nervosité en raison de la nouvelle escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine.

Marchés d’actions dominés par un sentiment positif

Les mauvais chiffres économiques n’ont pas empêché les marchés d’actions de grimper en mai. La crainte de passer à côté de la hausse est visiblement plus forte que la crainte liée aux dommages causés par la crise sanitaire. Les économies européennes et américaines sont en train de se rouvrir progressivement. Certains acteurs du marché craignent que les cours boursiers aient anticipé le rebond économique de manière trop optimiste. Malgré cela, les marchés préfèrent tout de même se concentrer sur les nouvelles positives autour du développement d'un vaccin contre la Covid-19, les signes d’amélioration de l'activité dans les entreprises et les nouvelles mesures prises par les gouvernements et les banques centrales. Le plan de relance proposé par la Commission européenne a joué un rôle important dans la surperformance des actions européennes au cours du mois écoulé. Le sentiment des investisseurs a été ébranlé en fin de mois par une nouvelle escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine au sujet de Hong Kong. La Chine veut en effet resserrer son emprise sur Hong Kong, ce qui ferait de facto perdre son statut distinct à la cité-État. Les marchés d'actions asiatiques se sont nettement moins bien comportés que les autres marchés émergents. Au niveau sectoriel, les entreprises de croissance de qualité comme les firmes technologiques ont cessé de surperformer, au bénéfice des secteurs cycliques qui avaient été durement touchés pendant la correction du marché. Alors que le conflit entre le président Trump et Twitter pourrait conduire à une réglementation plus stricte du secteur technologique, des secteurs tels que le tourisme et l’aviation ont, quant à eux, profité de la perspective d’un redémarrage de leurs activités.
Marchés d’actions

Marchés obligataires extrêmement stables

Les taux sur les obligations de référence américaines et allemandes sont restés extrêmement stables en mai. Le taux américain à 10 ans a oscillé autour de 0,7 % et le taux allemand autour de -0,5 %. L’influence des programmes d’achat des banques centrales est évidente. Le gouvernement américain a émis, pour la première fois depuis 1986, une obligation d'une durée de 20 ans, profitant ainsi de la faiblesse des taux d'intérêt pour financer ses programmes de soutien face à la crise du coronavirus. L'émission a suscité un grand intérêt. Au mois de juin, les autorités américaines devraient réaliser un montant record d'émissions, sur diverses échéances. Les spreads des obligations d’État des pays du sud de la zone euro se sont clairement resserrés, surtout durant la seconde moitié du mois, notamment en raison de l'extension attendue du programme d'achat d'obligations par la BCE et, surtout, de l’annonce d’un fonds de relance européen. Le différentiel de rendement des obligations italiennes par rapport aux obligations allemandes est repassé sous les 200 points de base et celui de l’Espagne sous la barre des 100 points de base. Les spreads des obligations d’entreprises ont connu une évolution similaire. Durant la première quinzaine du mois de mai, le marché a été submergé de nouvelles émissions d’obligations d’entreprises, ce qui a temporairement interrompu la tendance à la baisse des spreads.
Taux gouvernementaux 10 ans

Les banques centrales poursuivent sur leur lancée

Les banques centrales continuent de soutenir l’économie et de faciliter le fonctionnement des marchés. La Banque centrale européenne a fait savoir qu'elle était prête à étendre son programme d'achats d'urgence face à la pandémie (Pandemic Emergency Purchase Programme ou PEPP). La décision devrait être prise le 4 juin. Au rythme actuel des achats, l’enveloppe de 750 milliards d'euros initialement prévue devrait avoir été totalement utilisée d'ici fin octobre. Le mois passé, la Cour constitutionnelle allemande a jugé que le programme d’achat d’obligations d’État de la BCE (Public Sector Purchase Programme ou PSPP) n’était pas conforme à la constitution allemande. Le litige date de 2015 et porte sur la proportionnalité des achats de la BCE et sur la question de savoir si ces achats contribuent bien à la réalisation de la mission de la banque de garantie de la stabilité des prix. Il est peu probable que la BCE donne suite à la demande du tribunal allemand de justifier ses achats dans le cadre du PSPP. Cet incident montre que le PEPP et les actuelles autres mesures de la BCE pourraient être contestés a posteriori.
Tarif Banque centrale

Renforcement de l’euro

L’euro s’est renforcé par rapport aux autres grandes devises comme le dollar, le yen, le franc suisse et la livre sterling. Une évolution certainement en partie due au fonds de relance proposé par la Commission européenne. La principale avancée de ce plan réside dans le fait que les aides accordées aux pays les plus touchés par la crise seront surtout versées sous la forme de subventions, et pas de prêts. Pour la première fois, on peut donc clairement parler de solidarité entre les pays de la zone euro. La livre sterling s’est dépréciée suite au retour du spectre d'une sortie de l’UE sans accord. Les discussions sur la relation future entre l'UE et le Royaume-Uni ne progressent pas et les Britanniques ont menacé de quitter la table des négociations si les premiers contours d'un accord n’étaient pas dessinés d'ici le mois prochain. Par ailleurs, la Banque d’Angleterre envisagerait d’instaurer un taux négatif (0,1 % actuellement). D'autres devises qui avaient perdu du terrain au pic de la crise ont repris des couleurs. C’est notamment le cas des autres dollars (CAD, AUD) et des devises scandinaves (NOK, SEK). Les devises des pays émergents ont également connu un léger rebond suite à l’affaiblissement du dollar américain. À l’exception de la devise chinoise, qui s’est dépréciée : face au billet vert, le renminbi s’est de nouveau éloigné du seuil symbolique de 7 et se rapproche des niveaux qui avaient été atteints durant le conflit commercial de septembre dernier.
Devises

Légère reprise des matières premières

L’or a fluctué entre 1700 et 1750 dollars l’once en mai et a finalement clôturé le mois dans le bas de cette fourchette. L’amélioration du sentiment des investisseurs, due à la réouverture progressive de la plupart des économies et à la confirmation que la Réserve fédérale n’envisageait pas de faire passer son taux directeur en négatif, a en effet pesé sur le cours. Toutefois, le gonflement des dettes publiques est, pour beaucoup, un élément qui jouera de nouveau en faveur du métal précieux. Le prix du pétrole a connu une envolée spectaculaire de 40 % en mai, mais cette flambée fait évidemment suite à l’effondrement des cours enregistré depuis fin février. Les 9 et 10 juin prochains aura lieu une réunion de l’OPEP+ au cours de laquelle une éventuelle prolongation des restrictions de production convenues en avril pourra être discutée. La Russie voudra vraisemblablement réduire ses coupes de production à partir de juillet, comme le prévoit l'accord. L’Arabie saoudite et d’autres pays du Golfe ont, de leur côté, mis en œuvre des réductions de production plus importantes que prévu. Les matières premières industrielles sont restées relativement stables, ce qui signifie que les cours restent proches de leurs plus bas de mars. Le cuivre affiche en revanche une tendance plus positive.
Matières premières
Partager l'article
Plus sur ce thème:
Réglementé par l’Autorité des services et marchés financiers (FSMA) et la Banque Nationale de Belgique | Tous droits réservés 2024, Degroof Petercam