Nos experts suivent de près les évolutions macro-économiques et les marchés financiers.

Les semi-conducteurs, moteurs de la digitalisation

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
Les semi-conducteurs sont souvent cités dans les médias financiers, mais que recouvre vraiment ce vocable ? Ce secteur industriel, qui a pris de l’ampleur depuis les années 1980 avec l’avènement de l’ordinateur, est devenu carrément fondamental aujourd’hui, à l’ère de la révolution digitale.
Démarrons d’abord par une définition : Le mot semi-conducteur désigne la propriété du matériau de base utilisé dans la fabrication des circuits intégrés. Lorsqu’on parle de l’industrie des semi-conducteurs, on parle – par extension – de l’industrie qui produit les circuits intégrés.

Les acteurs

En réalité, ces circuits intégrés (ou puces électroniques) sont des composants électroniques qui se retrouvent au cœur des outils informatiques (ordinateurs, serveurs, composants intelligents de nos voitures, Smartphones, unités de production…) et en forment en quelque sorte la mémoire et le moteur.
Qui sont les acteurs de ce secteur ?
  • Infineon, STMicro (en Europe).
  • Samsung, Sony (en Asie).
  • Mais ne nous leurrons pas, cette industrie reste dominée par les designers américains : Intel, Broadcom, Qualcomm ou Nvidia.
  • N’oublions pas dans ce paysage le fournisseur de machines de production européen (hollandais) dominant : ASML et l’opérateur d’usines de production le plus important, le taiwanais TSMC.
D’ailleurs, toutes ces entreprises sont regroupées dans un indice (le Philadelphia Semiconductor Index ou SOX) dont la capitalisation boursière s’élève à deux milliards de dollars.

Données

Récemment, l’explosion des données liée à la digitalisation de nos économies augmente les besoins de traitement de ces données et rendent ces producteurs encore plus stratégiques.
Reste bien entendu, à s’interroger sur les caractéristiques de l’industrie des semi-conducteurs ?
Depuis son émergence dans les années 1980, ce secteur a connu une croissance tendancielle historique de 10% par an en valeur (+9,8%) pour atteindre 470 milliards de dollars en 2018, le dernier pic (à titre de comparaison, le PIB mondial est de 138 trillions de dollars).
Mais malgré cette tendance haussière sous-jacente, c’est aussi l’industrie cyclique par excellence, c’est-à-dire avec des périodes de croissance et des périodes de crise, comme en témoigne le graphe ci-après.

Un secteur cyclique

halfgeleiders-de-verborgen-helden-van-de-digitalisering-img1
Le graphique montre l’évolution du chiffre d’affaires mensuel, lissé sur trois mois, des plus grands acteurs du secteur. Clairement, il y a des périodes de hausses (« boom ») et des périodes d’effondrement (« bust »).
Le graphique montre par exemple l’effondrement des revenus après la bulle internet de 1999-2000 ou la Grande Crise Financière de 2007-2008, avec des revenus qui peuvent perdre jusqu’à 40%.
Mais les périodes de croissance peuvent être tout aussi spectaculaires avec des hausses de chiffre d’affaires de 40 %, voire 60 % après la grande crise financière.
Mais qu’est-ce qui provoque ces crises ? Souvent des périodes d’excès résultant en une surcapacité et la nécessité d’écouler les stocks qui fait pression sur les prix.

Mini-crise

D’ailleurs, aujourd’hui, nous constatons que ce secteur est en train de sortir d’une mini-crise (mini à l’échelle des crises qu’il a déjà connu)
Pour rappel, cette mini-crise a débuté à l’été 2018 suite à la combinaison de trois phénomènes :
1.
Une période d’excès classique en 2017 et jusqu’à l’été 2018, qui avait mené l’industrie vers son pic de revenus grâce à l’explosion de la demande de composants électroniques pour les smartphones et dans l’automobile. Comme toujours, après l’excès vient la crise.
2.
Le début des effets des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis qui a auguré d’une période de grande incertitude pour ces producteurs. N’oublions pas que ces composants sont au cœur du rideau de fer technologique qui est en train de se construire entre la Chine et les Etats-Unis. Peu de personnes en sont conscientes, mais les circuits intégrés sont devenus le premier poste d’importation des Chinois, devant le pétrole !
3.
3. Un début de ralentissement économique suite à politique de hausse des taux d’intérêt directeurs menée par la Fed à cette époque.
Bien entendu, qui dit crise, dit aussi « à quand la sortie de crise ? ».
D’abord, nous constatons qu’après une baisse des revenus de 12% en 2019, l’année 2020 a été caractérisée par un retour d’une modeste croissance (+6%). Ensuite, nous nous attendons à une reprise de +8% cette année et +8% l’année prochaine.

Lacs de données

Ces prévisions n’enlèvent rien au fait que ce secteur va rester cyclique.
Mais en dépit de ce constat, il y a certains sous-segments qui bénéficient d’une tendance lourde, celle des données (« data »). La production de données est en train d’exploser. Les spécialistes parlent de BIG DATA ou de DATA LAKES (de lacs de données). Pourquoi ? Du fait, de la digitalisation de nos économies, c’est-à-dire de l’empreinte digitale que les agents économiques laissent derrière eux dans leurs interactions les uns avec les autres à travers des senseurs, sur les sites, sur les applications, etc. Les gagnants de la digitalisation sont ceux qui arriveront à interpréter efficacement cette l’information et réussiront à améliorer les produits et les services.
Pour vous donner une idée, la croissance des données générée par les agents économiques augmente de 25% par an. En d’autres mots, le volume de données va donc quadrupler dans les cinq prochaines années pour atteindre 175 zettabytes (1,000 Mds de Mds de bytes) grâce à l’amélioration de la capacité à mieux capter les données.
En conclusion, l’investisseur pourra difficilement sous-estimer l’importance des semi-conducteurs. Ne serait-ce que parce que ce secteur va être le moteur permettant d’analyser ce lac de données.
Keep standard of living

Vous voulez vous protéger, vous et votre famille ?

Contactez-nous. Nous évaluerons vos actifs et leur transmission.
Partager l'article
Plus sur ce thème:
Réglementé par l’Autorité des services et marchés financiers (FSMA) et la Banque Nationale de Belgique | Tous droits réservés 2024, Degroof Petercam