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Les obligations indexées sur l’inflation

Pierre Rosoux - Fund Manager
Comment protéger son patrimoine contre l’inflation réalisée ? En choisissant notamment d’investir dans des obligations liées à l’inflation. Comment fonctionnent-elles et quels sont les risques qu’elles peuvent présenter ? Notre expert nous explique pourquoi privilégier ce type d’investissement actuellement.
  • Les obligations indexées à l’inflation présentent une alternative unique en offrant une bonne protection contre l’inflation réalisée
  • Le principal (montant du remboursement final) et les coupons sont ajustés à l’inflation réalisée tout au long de la durée de l’obligation
  • L’environnement actuel est attractif pour les obligations indexées
La protection du patrimoine contre l’inflation est un objectif majeur pour de nombreux investisseurs lors de décisions d’allocation d’actifs. En effet, la hausse des prix est un risque pour tous ceux qui recherchent un rendement stable sur le long terme, tout en préservant la valeur de leurs actifs en termes réels. A cet égard, les obligations indexées à l’inflation présentent une alternative unique en offrant une bonne protection contre l’inflation réalisée. En effet, ces actifs sont directement liés à l’évolution de l’inflation, tandis que d’autres classes d’actifs traditionnelles (les actions, l’immobilier, les matières premières, etc.) n’offrent qu’une protection indirecte à l’inflation (instabilité de la corrélation).
Comment fonctionne ce type d’obligations ? A l’exception de quelques différences selon les émetteurs, le principal (montant du remboursement final) et les coupons sont ajustés à l’inflation réalisée tout au long de la durée de l’obligation. Le détenteur reçoit donc un coupon dont une partie est fixe, à savoir le coupon réel prédéterminé par le taux appliqué au principal, et une partie variable, fraction du principal indexé.

Inflation et inflation

Outre ces caractéristiques clés, l’investisseur doit correctement comprendre d’autres aspects de ces obligations. D’une part, un attribut crucial est le ratio d’index de l’obligation, soit l’indice d’inflation sous-jacent. A titre d’exemple, l’inflation des loyers impactera pratiquement deux fois plus un indice US par rapport à un indice de la zone euro. D’autre part, il faut savoir que si la majorité des obligations offrent une protection à la baisse en cas de déflation (au travers d’un « floor »), ce n’est pas le cas pour certains émetteurs dont le Royaume-Uni et quelques pays émergents… qui sont donc exposés en cas d’inflation négative !
Investisseurs institutionnels
Les obligations indexées constituent un outil idéal pour des institutions devant gérer les risques de fluctuations de la valeur de leurs actifs par rapport à leurs passifs. Par exemple, dans le cas de plans de pension en « Defined Benefits », le passif sera lié à la croissance des salaires, corrélée elle-même au taux d’inflation. Investir dans des obligations classiques pourrait être désastreux pour la valeur des actifs en cas de hausse importante de l’inflation. Ce besoin justifie en partie la demande toujours très présente d’investisseurs institutionnels, notamment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.
Pourquoi favoriser les obligations indexées à l’inflation aujourd’hui ? Comparer l’attractivité relative des obligations nominales par rapport aux obligations indexées à l’inflation revient principalement à analyser la différence de taux entre ces deux types d’obligations de même maturité, soit le « breakeven ». Autrement dit, il s’agit du taux d’inflation annuel pour lequel il n’y a pas de différence entre détenir une obligation indexée à l’inflation ou une obligation classique.
« Breakevens » attractifs
Nous estimons que ces « breakevens » sont aujourd’hui attractifs pour les obligations globales indexées à l’inflation. A titre d’exemple, l’inflation réalisée aux Etats-Unis en moyenne durant les cinq prochaines années devrait, selon nous, être supérieure aux taux du « breakeven » des US TIPS à cinq ans (obligations du Tresor américain indexées à l’inflation), actuellement à 1,97 %. En effet, l’inflation devrait notamment rebondir à court terme, suite à l’augmentation des prix de l’énergie. D’autres facteurs pourraient également impacter à la hausse les prochains chiffres d’inflation aux Etats-Unis (mesures protectionnistes du gouvernement Trump, hausse des salaires, travaux d’infrastructure, etc.). L’actualité politique en Europe ne peut pas non plus être ignorée dans le choix de notre allocation et justifie une plus forte diversification de notre exposition obligataire hors de l’Europe… tout en gérant l’exposition aux différentes devises !

Des risques à mesurer

Bien entendu, un tel investissement n’est pas dénué de risque. Bien qu’il s’agisse d’un marché de dette souveraine, il est impératif d’analyser le risque crédit de l’émetteur. En outre, ces obligations ont généralement une moins bonne liquidité que des obligations d’Etats classiques. Ensuite, la sensibilité aux mouvements des taux d’intérêt est particulière : les coupons reçus seront généralement plus faibles que pour une obligation traditionnelle, compensée par une indexation du montant principal reçu en fin de vie de l’obligation, entraînant une sensibilité aux taux d’intérêt plus importante (« duration »). Cependant, il s’agit dans ce cas ci d’une sensibilité aux taux réels, généralement plus stables que les taux nominaux ! Enfin, prenez garde à la fiscalité sur ce type d’instrument, pouvant être très pénalisante. Bref, un avis d’expert est vivement conseillé !
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