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Le vaccin contre le coronavirus : condition indispensable pour la reprise économique ?

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
Les groupes pharmaceutiques Pfizer-BioNTech et Moderna ont annoncé à une semaine d’intervalle les résultats de tests cliniques pour leur vaccin contre le coronavirus. Les résultats sont excellents puisqu’on évoque une efficacité de plus de 90% de ce vaccin dans les deux cas, soit presque le double de celui de la grippe saisonnière.

A l’origine de ce vaccin : deux entreprises au parcours très similaire

A l’origine de ce vaccin, nous retrouvons deux entreprises au parcours très similaire. L’une européenne – BioNTech (qui s’est associée au géant Pfizer) ; l’autre américaine – Moderna.
  • Toutes deux sont spécialisées dans le développement de remèdes basés sur la même plateforme (ou technologie) : l'ARN messager (ARNm). Au départ, cette plateforme est surtout prometteuse dans la recherche contre le cancer. Inutile de préciser que la recherche d’un vaccin contre le coronavirus a boosté cette technologie : ce sera la première fois qu’un vaccin utilisant l’ARN messager sera commercialisé sur le marché. Une grande première ! Cette technologie a en outre l’avantage d’être synthétique, permettant un déploiement plus rapide car sa fabrication ne nécessite pas de virus vivant.
  • Toutes deux sont privées et cotées en bourse sur le Nasdaq.
  • Et toutes deux ont, en outre, bénéficié de financements publics énormes. BioNTech de fonds surtout euroéens et Moderna de fonds américains dans le cadre de l’Opération Warp Speed initié en mai par le gouvernement américain pour faciliter et accélérer le développement d’un vaccin.
Les deux entreprises commercialiseront le vaccin en deux doses, valant chacune entre USD 20 et 25. Dans le cadre du partenariat entre Pfizer et BioNTech, les profits seront partagés 50/50.
Bien sûr, Pfizer-BioNTech et Moderna ne sont pas les seules entreprises engagée dans cette course. Au total, 9 entreprises sont en phase avancée (tests cliniques) : 5 en Europe et aux Etats-Unis, 3 en chine, 1 en Russie. Les trois autres entreprises en Europe et aux Etats-Unis impliquées dans la course au vaccin sont : AstraZeneca, Johnson et Johnson et NovaVax.

Quel impact sur notre scénario économique ?

A court terme la situation économique restera difficile car nous sommes au milieu de la deuxième vague. Beaucoup d'incertitudes subsistent et de nouvelles restrictions continuent d’être imposées. Les chiffres du PIB T4 seront sans doute à nouveau négatifs dans l'UE. N’oublions pas non plus la transition présidentielle difficile aux États-Unis, l’incertitude du Brexit et le veto de la Pologne et de la Hongrie au plan de relance de 750 milliards d’euros de l’Union européenne.
Mais dès la mise en œuvre du vaccin, le rattrapage pourrait générer une reprise vigoureuse. Il suffit de regarder la trajectoire de la Chine et d'autres pays asiatiques une fois que le virus est sous contrôle. De plus, le soutien des gouvernements et des banques centrales devrait perdurer.
A plus long terme, nous savons qu'il y a encore de nombreux défis (géopolitique, climat, vieillissement, polarisation, faible croissance de la productivité, inégalités, concentration du pouvoir de marché, ...) et la dernière décennie n'a pas été vraiment facile. Cependant ces défis ne sont pas nouveaux.
Par ailleurs, une des leçons du développement de ce vaccin est que la préparation et l’approche coordonnée entre le marché et le gouvernement peuvent conduire à la résolution de crises.

L’annonce a provoqué un ‘ouf’ de soulagement pour les investisseurs

Bourse : « let’s get physical »

Depuis deux semaines, les bourses ont salué avec vigueur les annonces de Pfizer-BioNTech et de Moderna. A raison, car ce développement est aussi important pour la bourse que le programme du futur président américain. L’annonce a provoqué un « ouf » de soulagement pour les investisseurs, surtout en Europe, qui souffrent économiquement des nouvelles restrictions sanitaires et des reconfinements.
Les secteurs liés au tourisme (les hôtels ou l’aviation par exemple), au pétrole, à la grande distribution, à l’immobilier de bureau, à l’automobile, à la chimie bref à l’industrie au sens large – celle qui repose sur des actifs physiques – sont ceux qui ont le plus bénéficié de cette annonce. Des entreprises comme (dans le désordre) Solvay, Boeing, Unibail, Accor ou encore Renault ont pris plus de 20 % en quelques jours.
Plus fondamentalement, l’arrivée officielle d’un vaccin (ou de plusieurs vaccins) pourrait catalyser le retour en faveur des entreprises industrielles ; ceci pour deux raisons :
1.
Ces valeurs n’ont pas bien performé depuis très longtemps et sont, du coup, bon marché. On a l’impression qu’il suffirait d’un étincelle pour qu’elles redémarrent.
2.
Ces valeurs ont vu leurs bénéfices s’écraser cette année. En Europe, on estime que les bénéfices des entreprises industrielles pourraient baisser de 58 % en 2020 et dans l’énergie de 85 %. Un vaccin facilitera le retour progressif à la normale de la croissance économique et donc des bénéfices de ces entreprises.
Depuis le début de la crise, la bourse a favorisé surtout les valeurs issues de la digitalisation. Le confinement, c’est bon pour le digital. Si les bonnes nouvelles sur le vaccin se confirment, le rattrapage boursier sur les valeurs industrielles, plus cycliques – celles qui reposent sur des actifs physiques – pourrait durer. La bourse, elle aussi, a besoin de se déconfiner.
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