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Les leçons de la crise sanitaire

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
Retour sur la violence du choc économique de la crise sanitaire.
Le PIB belge a perdu 15 % au premier trimestre et nos entreprises ont perdu 17 % de leur chiffre d’affaires à fin novembre par rapport au niveau pré-crise. Le plan de soutien a résulté en une augmentation de la dette publique qui a fini l’année à 115 % du PIB. La crise s’est aussi traduite par un choc de confiance qui, en Belgique, a engendré un doublement du taux d’épargne des ménages par rapport au niveau pré-crise, pour s’établir à 25 % du revenu disponible. La crise sanitaire a aussi été un accélérateur de tendances. En particulier, pour l’économie digitale qui a continué sa progression alors que l’économie réelle est restée en souffrance.

Quid pour la suite ?

La bonne nouvelle est que cette crise est un choc exogène et que théoriquement l’activité pourrait se rétablir rapidement. La condition cependant est le retour de la confiance et donc la maitrise du virus. Plus vite la peur de « sortir de chez soi » sera maîtrisée, plus vite l’activité reprendra. Pour preuve : le rebond de l’activité en Belgique au troisième trimestre (+11,4 % !). Le vaccin est donc une très bonne nouvelle, mais rappelons les incertitudes liées au déploiement du plan de vaccination : celui-ci dépend non seulement de l’évolution (la mutation) du virus mais aussi de la logistique et de la capacité des gouvernements à convaincre la population des bienfaits de ce vaccin. Le risque, si on attend trop longtemps pour agir, est d’endommager durablement l’économie et de créer une cicatrice permanente.

Quels sont les scénarios pour la Belgique ?

Le scénario optimiste pour la Belgique prévoit une reprise en 2021 de +5,5 % et en 2022 +4,5 %. Selon ce scénario, la population est immunisée dès cet été et nous aurons récupéré l’activité perdue courant 2021. La cicatrice économique (mesurée en comparant le niveau estimé du PIB en 2025 à ce qu’il aurait été si la croissance tendancielle pré-crise avait continué) s’établit à 1 % soit EUR 6 Mds. La dette publique atteint un pic à 120 % et est réduite au niveau pré-crise de 100 % en 2030. Le scénario pessimiste prévoit une reprise anémique en Belgique en 2021 (seulement +0,6 %) et +5,5 % en 2022. Ce scénario prévoit une immunisation de la population seulement pour fin 2021 / début 2022 et la récupération de l’activité perdue seulement fin 2022. La cicatrice serait de 4 % du PIB soit EUR 20 Mds. La dette atteint un pic à 125 % du PIB et elle est toujours de 110 % en 2030. Dans les deux cas, la dette publique reste soutenable.

Quelle politique d’investissement ?

D’un point de vue boursier, l’année 2020 a été caractérisée par une énorme augmentation de valeur des GAFAM (elles ont doublé entre mars et décembre 2020). Ces valeurs sont liées à la digitalisation, à l’économie virtuelle. Si le scénario optimiste est réalisé, les valeurs liées à l’économie réelle (valeurs cycliques, locales et de plus petite taille) devraient mieux performer cette année.
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