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Départ de Carlos Brito : la fin d’une époque pour AB InBev ?

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
L’emblématique patron d’AB InBev devrait quitter son poste dès qu’un successeur sera trouvé. C’est la révélation faite par le Financial Times et qui n’a surpris qu’à moitié les observateurs étant donné la mauvaise performance boursière de l’action AB InBev. Les explications de Jérome van der Bruggen.
Agé de 60 ans et avec plus de 15 ans de maison, le brésilien Carlos Brito restera à son poste jusqu’à ce que les actionnaires se mettent d’accord sur un nouveau nom pour le remplacer. Il est probable que Carlos Brito rejoigne ensuite le conseil d’administration selon les informations distillées par quotidien britannique.
Mais la véritable révélation du Financial Times porte moins sur la volonté de tourner la page de l’ère Carlos Brito que sur le fait que les actionnaires d’AB InBev cherchent des candidats externes. Motif ? Les connaisseurs du brasseur louvaniste s’attendaient à ce qu’ils cherchent en priorité quelqu’un du sérail comme par le passé. Pour l’heure, et à en croire le Financial Times, seul un candidat interne est pris en compte (Michel Doukeris qui chapeaute l’Amérique du Nord).

Portrait du CEO

Carlos Brito dispose d’un diplôme équivalent à celui d’ingénieur civil électromécanicien (formé au Brésil) qu’il a complété par un MBA à Stanford. Bref, l’actuel CEO d’AB InBev est une sorte de super ingénieur commercial ou de gestion comme on dit chez nous.
En janvier 2004 juste avant la formation d’InBev (fusion entre Interbrew – le brasseur belge - et AmBev – le brasseur brésilien), Carlos Brito était à la tête de AmBev.
A son crédit, il faut rappeler que Carlos Brito est l’homme des fusions et acquisitions. D’abord, avec l’opération Anhauser Bush et ensuite, celle de SAB Miller en 2016.

L’achat de trop ?

Au vu de ce départ forcé, la question se pose de savoir si l’acquisition de SAB Miller n’était pas l’achat de trop ? La question est posée par certains. Disons que l’avenir nous le dira, mais reconnaissons que le groupe fait face (suite notamment à cette acquisition) à deux grands problèmes actuels :
  • D’abord, la dette de 100 milliards de dollars au moment du rachat (il y a presque 4 ans) et qui certes a un peu diminué, mais pas assez puisqu’elle est autour de 85 milliards de dollars à la fin juin.
  • Ensuite, la baisse des volumes de bière vendue aux Etats-Unis n’a pas arrangé la situation financière du groupe.
Autrement dit, ces deux facteurs combinés sont mortels pour le groupe brassicole et mettent à mal le modèle du groupe basé sur « premiumisation » (vendre de plus en plus de bières premium) et de baisse des coûts.
Pendant tout un temps, ce modèle a été une réussite (les marges d’AB InBev sont deux fois plus élevées que celles de ses concurrents), mais ce temps semble révolu aujourd’hui.

Et demain ?

Difficile de prévoir les changements à venir, d’autant que la direction du groupe a été chamboulée au cours des derniers mois. La preuve ? Le président du conseil d’administration est parti en 2019, le directeur financier a pris le même chemin début 2020 , et aujourd’hui, c’est Carlos Brito qui est sur le départ. A défaut de prévoir l’avenir, il n’en reste pas moins quelques constats à tirer :
  • Primo, AB InBev a été un temps la plus grande capitalisation boursière de la zone euro.
  • Secundo, aujourd’hui, sa valeur a hélas beaucoup baissé. De grands changements sont en train de s’opérer. Des changements qui inaugurent sans doute une période ou l’entreprise va se reconcentrer sur la création de valeur interne.
Affaire à suivre !

Pendant tout un temps, le modèle d’AB InBev a été une réussite, mais ce temps semble révolu aujourd’hui.

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