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Biden : les hausses d’impôt vont-elles impacter la Bourse ?

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
Joe Biden, surnommé ironiquement « Sleepy Joe » par son détracteur Donald Trump a démontré qu’il était tout sauf un endormi. Au cours de ses 100 premiers jours à la Maison-Blanche, il a lancé 3 plans de relance d’un montant frôlant les 6.000 milliards de dollars. C’est historique, au point que les médias parlent de lui comme le nouveau Roosevelt américain. Eclairage sur les ambitions du nouveau président démocrate.
Sans la coopération entre les Etats et les banques centrales, la plupart des plans de relance ne seraient pas possibles aujourd’hui. Et ce qui vaut au niveau mondial vaut également pour les Etats-Unis. Très clairement, les 3 grands plans de relance américains n’auraient pas pu voir le jour sans l’aide directe de la banque centrale américaine (Fed).

Pour rappel, les 3 plans sont :

  • American Rescue Plan – plan de soutien de la demande
  • American Jobs Plan – plan d’investissement et de relance (aussi dénommé plan d’infrastructure)
  • American Families Plan – comme son nom l’indique, c’est un plan de soutien et de redistribution
A l’inverse des plans européens qui se font attendre, le premier plan américain est déjà passé par les Chambres et a été voté en mars. Son financement est assuré par l’emprunt. Quant aux deux autres plans, ils ont également été annoncé en mars et avril dernier. Mais leur financement se fera par des hausses d’impôts sur les sociétés et sur les personnes les plus aisées.

Accélération de la croissance

Bien entendu, pareils plans vont mécaniquement contribuer à accélérer la croissance économique qui est déjà bien repartie avec la vaccination massive des citoyens américains. D’ailleurs, les statistiques le montrent, la stratégie vaccinale et le stock d’épargne cumulée (épargne forcée) ont déjà un impact non négligeable sur les dépenses des ménages. En réalité, Joe Biden met sous tension son économie et ses plans contribuent à renforcer ces dépenses ainsi que les investissements des entreprises. Le résultat ? La croissance économique aux Etats-Unis est attendue autour de… 7% pour 2021.

Hausse des impôts

L’originalité des deux derniers plans repose sur le fait qu’ils seront financés par une hausse des impôts sur les sociétés et sur les citoyens les plus aisés. C’est une rupture historique et culturelle pour un pays plutôt rétif aux impôts. Pour l’heure, cette hausse de la pression fiscale (même si elle est ciblée) n’a pas encore été actée par le Congrès. Les plans seront sans doute soumis au vote à la majorité absolue et rappelons que cette majorité au Sénat est mince. En clair, il suffirait qu’un seul Démocrate refuse de voter en faveur de ces impôts pour que la belle mécanique se grippe.

Et en Bourse ?

Que ce soit sur l’emploi, les infrastructures ou les ventes au détail, tous ces plans sont de nature à stimuler fortement l’économie américaine. Ils assurent même un certain dynamisme pour quelques années, car les montants évoqués pour ces plans (6000 milliards de dollars au total) seront répartis sur plusieurs années. Et donc, c’est une évidence : ceci est de nature à renforcer le sentiment positif sur le marché boursier américain, marché sur lequel nous sommes déjà surpondérés.
Forcément, le plan d’infrastructure va bénéficier aux entreprises locales. N’oublions pas que ce sont des entreprises des secteurs de l’énergie, de l’industrie et de la finance – de taille moindre que les GAFAM – qui ont été les laissés pour compte (voir graphique) dans le rallye boursier des 5 dernières années et qui se négocient au rabais sur le plan historique. Raison pour laquelle nous avons privilégié les plus petites capitalisations.
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Paradoxe fiscal

Reste à s’interroger : les hausses d’impôts (augmentation de l’impôt des sociétés à 28%, mise en place d’un impôt minimum de 15% sur les sociétés et arrêt des pratiques de transfert de bénéfices) programmées – si elles passent le cap du Congrès – sont-elles de nature à nuire aux bénéfices en 2022 ? Oui, mais au-delà de ce premier constat, il faudra aussi garder à l’esprit que cette aggravation de l’imposition sera compensée par les hausses de bénéfices liées aux dépenses d’investissement des entreprises américaines. Autrement dit, l’impact négatif total sur les bénéfices sera beaucoup plus faible et les bénéfices américains devraient encore … augmenter en 2022 !
Bien entendu, les avantages ne vont pas sans désavantages. Et si ces réformes sont adoptées, elles pourraient davantage nuire aux grandes valeurs technologiques, aux produits pharmaceutiques, au secteur de l’énergie, aux produits industriels et aux services financiers. L’une des raisons pour expliquer cette différenciation de traitement trouve son origine dans le fait que les pratiques de transfert fiscaux sont surtout répandues dans le secteur des High Tech et de la pharmacie. Bref, des secteurs qui traditionnellement paient moins d’impôts des sociétés. Si c’est le cas, cela pourrait avoir pour effet d’alimenter la rotation sectorielle vers ces sociétés cycliques, issues de l’économie réelle et à petite capitalisation.
Est-ce à dire que le cours des GAFAM va s’effondrer ? Non, pour la simple raison que les tendances à la numérisation de nos sociétés sont beaucoup trop fortes. Mais une sous-performance de ce secteur n’est pas à écarter.
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