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Secteur automobile : la fin de l’âge d’or de la demande chinoise

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
En 2020, les experts s’attendent à ce qu’il n’y ait que 70 millions de voitures vendues dans le monde. A titre de comparaison, on en vendait 86 millions en 2019. Le pic du nombre de voitures vendues a été atteint en 2017 avec 90 millions de véhicules. Pourquoi l’industrie est-elle en déclin depuis lors ?

Les raisons du déclin

Tout d’abord, dans le monde occidental, cela fait longtemps que l’industrie n’est plus en croissance. En d’autres termes, les années avant 2017 étaient en quelque sorte une aberration. La raison? La croissance était essentiellement dopée par la demande chinoise.
De facto, la croissance chinoise dans la décennie qui a précédé 2017 a littéralement explosé pour plusieurs raisons :
Les ventes ont triplé : de 8 millions de voitures vendues en Chine en 2007 à 25 millions en 2017.
  • En 2017, un peu moins d’une voiture sur trois vendue dans le monde était vendue en Chine.
  • Pendant ce temps-là, sur la même période, les ventes d’autos dans le reste du monde ont stagné. La preuve ? On vendait un peu plus de 60 millions de voitures dans le reste du monde en 2007 contre 65 millions seulement en 2017.
  • La crise financière a porté un énorme coup à la demande de voitures
  • Pour rappel, la croissance en volume des ventes de voitures dans le monde ces année-là étaient de 2,5 % par an. Mais sans la Chine, cette croissance n’aurait été que de 0,5 % par an. En d’autres mots, la Chine représentait 80 % de la croissance.

Croissance chinoise

Reste évidemment à s’interroger, qu’est-ce qui explique cette croissance chinoise ?
  • Jusqu’en 2013-14, elle est imputable à l’urbanisation et à la demande liée à l’enrichissement de la population.
  • Ensuite, la politique de subsides du gouvernement chinois a aussi joué un rôle important pour soutenir la demande.
C’était un âge d’or pour les constructeurs occidentaux, particulièrement les constructeurs allemands : leurs marges étaient très élevées (entre 10 et 12 % selon les constructeurs) et la technologie étant déjà amortie, cela représentait de la marge en plus. Et puis, en termes de prix, le marché était en forte croissance.

Arrêt brutal

Pourquoi la croissance chinoise s’est-elle interrompue si abruptement ?
  • La saturation du marché : même si le taux de pénétration n’est que de 160 pour 1000 (par rapport à 800 pour 1000 aux Etats-Unis). Dans les villes le taux de pénétration est aujourd’hui similaire à chez nous.
  • La conscience environnementale est également en cours de progression en Chine.
  • Les facteurs macroéconomiques ont joué aussi un rôle en défaveur de l’industrie automobile : la dette publique et privée est élevée, les prix de l’immobilier rendent l’achat d’une automobile inabordable, sans compter le développement du marché de la voiture d’occasion et le vieillissement de la population.

Futur proche

Pour l’avenir, il est clair que le retour d’une telle croissance est inenvisageable. D’autant qu’il est difficile de connaître la demande sous-jacente en Chine. Et la politique de rattrapage au niveau des restrictions en matière d’émissions de gaz à effet de serre rend ce retour à la croissance antérieure improbable.
Les surcapacités sont également un frein. En 2021, période de post-reprise, les plus optimistes prévoient 80 millions de voitures mais en 2017, on s’attendait à ce que l’industrie puisse en vendre 100 millions. Nous sommes donc en surcapacité de 20 millions de véhicules !
Le résultat de cette tendance : un tiers des profits des valeurs allemandes a disparu.

En 2017, un peu moins d’une voiture sur trois vendue dans le monde était vendue en Chine.

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